Les pistes cyclables aériennes, une bonne idée ?

Fin janvier, la plus longue piste cyclable a vu le jour en Chine. Cette piste cyclable a été ouverte à tous les types de vélos de 6 h 30 à 22 h 30 pour un test d’un mois à Xiamen, dans la province du Fujian.

D’une longueur de 7,6 kilomètres, et dotée de onze entrées reliant des arrêts de métro ou bus, c’est également la plus grande du monde !

Ouverte à tous les types de vélos et culminant à plus de 5 mètres au-dessus du sol dans sa partie la plus haute, elle doit accueillir plus de 2 000 cyclistes par heure. Son objectif est de promouvoir le vélo comme mode de déplacement doux et écologique.

Cette piste verte insolite couvre cinq zones résidentielles principales et trois centres commerciaux de la ville.

Si cette piste cyclable est remarquable pour son caractère innovant et son modèle calqué sur celui des autoroutes, l’idée est loin d’être nouvelle

La California Cycleway  apparut en 1900, reliant Pasadena à Los Angeles avec un droit de passage de 10 cents.

Quatre cyclistes pouvaient rouler de front sur ce pont cyclable de bois peint dans un vert foncé luminescent la nuit.

La ligne de chemin de fer proche entraîna son démantèlement quelques années plus tard.

Avantages

sécurité : des pistes isolées de la circulation et des piétons assurant la tranquillité de chacun
rapidité : relier un point A à un point B facilement, évitant feux et congestions de trafic croissantes
plaisir : la route pour soi, et en hauteur… ou une autre façon de profiter de la ville

Et inconvénients

investissement : Souvent important pour les villes avec des temps de chantier de plusieurs années + entretien
responsabilité : Que se passe t’il en cas d’accident, notamment si un nombre important de cyclistes est présent ?
légitimité : Plutôt que de partager la route, on « exclut » les cyclistes tout en prônant la vitesse

L’utopie cyclable

Ces constats peuvent paraître simplistes tant l’aménagement de l’urbain est complexe et fait l’affaire de spécialistes.
Pour autant, il suffit de regarder autour de soi pour se rendre compte que la population cycliste grandit, chaque jour, et les projets mis en avant au sein de ce blog démontrent que le vélo devient toujours plus éclectique, permettant de s’adapter à tous les besoins, à toutes les personnes parce que chaque pratiquant est différent.
De telles infrastructures faciliteraient-elles leurs déplacements ? Avec quelques inconvénients…

Ces autoroutes cyclables, et notamment SkyCycle ont fait couler beaucoup d’encre. Pour le journaliste Olivier Razemon, c’est une fausse bonne idée; pour Mikael Colville-Andersen de Copenhagenize carrément une idée ridicule.
Les arguments :

Un coût exorbitant d’une part, mais surtout une déconnexion face à la réalité de la ville. Parquer les cyclistes sur une voie au-dessus du flot de la circulation, c’est aussi les couper de la vie, en bas. C’est oublier qu’ils y participent, aussi, au travers des commerces et des services dans lesquels ils peuvent se rendre sur leur bicyclette. C’est également faire fi du travail des urbanistes qui composent avec toutes les formes de mobilité qui se multiplient et avec lesquelles ils jonglent pour faciliter la multimodalité. Et, par cette symbolique consistant à prendre de la hauteur (ou prendre de haut…) en reprenant les codes des autoroutes pour voitures, voici sans doute un bon moyen de s’attirer une fois de plus les foudres des réfractaires au vélo.

D’autres projets similaires

B1 Veloway

B1 Veloway est un concept proposé en 2012 par un ensemble d’ingénieurs et d’architecte de la capitale. L’idée ? « Clipser » une piste cyclable le long d’une voie de chemin de fer aérienne reliant deux gares. Un tel projet permettrait aux cyclistes d’éviter six intersections routières importantes, gage de tranquillité.

Cycle snake

Le « serpent pour vélos » est un ensemble de ponts  ronds points aériens et  construit entre 2010 et 2012 à Copenhague (Danemark).

Mesurant 230m de long, ce ruban orange conçu par DISSING+WEITLING architecture surplombe une zone commerciale où se déplacent nombre de piétons : un tel « vélopont » permet ainsi une circulation plus fluide pour tous.
A double-sens, il est par ailleurs pensé suffisamment large pour accueillir des vélos cargo.

Hovenring

Ce rond-point aérien cyclable de 72m de diamètre au centre duquel un pylône de 70m de haut s’élève domine là encore un carrefour routier important. Marquant l’entrée des villes d’Eindhoven et de Veldhoven, cette infrastructure gigantesque semblait la meilleure solution face à l’évolution architecturale environnante et à l’accroissement du trafic.

En projet… SkyCycle

Similaire au projet avorté Velo-city de toronto et soumis début 2014 par l’architecte anglais Norman Foster, SkyCycle se base lui sur les infrastructures ferroviaires existantes à Londres pour proposer 220km de pistes cyclables (ouvertes cette fois).

Deux cents points d’accès permettraient d’accueillir jusqu’à 12000 cyclistes par heure en leur faisant gagner près de 30 minutes sur un trajet équivalent en voiture… Le concept est même chiffré : il en coûterait ainsi 365 millions d’euros pour une construction étalée sur 20 ans.
Un projet qui pourrait concerner 6 millions de cyclistes urbains !