Marseilleveyre – Présentation du massif

Marseilleveyre signifie, en provençal, “voir Marseille”.

En effet, sur toutes cartes et témoignages historiques, des postes de guet situés sur des points élevés (Riou, Marseilleveyre et La Garde) permettaient, par des signaux visuels transmis de l’un à l’autre, de prévenir Marseille de l’approche de galères espagnoles, génoises ou autres.

Contexte géographique

Géographiquement le secteur de Marseilleveyre désigne la partie des Calanques surplombée par le sommet du même nom qui atteint 432 m d’altitude.
Le massif regroupe plusieurs ports :
  • Madrague de Montredon
  • Les Goudes
  • Callelongue,…

Sommet de Marseilleveyre

Le massif est délimité au nord par le quartier de La pointe Rouge, à l’Ouest et au Sud par la mer et à l’Est par le plateau de l’homme mort (ou plan de Coulon) qui se termine au Bec de Sormiou surplombant la Calanque du même nom.
Ce massif torturé et complexe se compose de multiples vallons, calanques, ports, iles,…

Vue aérienne Marseilleveyre

Marseilleveyre et plus précisément le Cap-Croisette est le secteur le plus sec de France : les précipitations annuelles n’y sont en moyenne que de 300 à 400 mm, contre par exemple 500-600 mm/a à Marseille.
Ces précipitations sont très variables d’une année à l’autre : entre 210 et 1 120 mm/a à Marseille, selon les années (Boussious et Jacq, 1997).

Cap croisette

Autrefois nommé sur les cartes “bocca de lensolo”, le cap croisette est bien connu des marins et navigateurs.

Les “Croisettes” désignent les petites croix, souvent éphémères en raison du mauvais temps, qui depuis des siècles se succédaient sur cette pointe rocheuse, afin d’honorer les victimes des naufrages qui y étaient fréquents du temps de la marine à voile.

Le cap croisette

Aujourd’hui, ces “Croisettes” ont été remplacées par la grande croix en béton du “Passage des Croisettes”, érigée en souvenir du naufrage du paquebot “le Liban”, en 1903, qui fit près d’une centaine de morts.

L’épave du Liban en train de couler (seul le mat dépasse)

L’épave du Liban

Erosion, grottes et réseaux karstiques

Phénomènes érosifs :

Les phénomènes érosifs sont bien visibles dans les calanques. Ceux ci se déroulent en trois temps :

1 L’altération :

Parmi les processus chimiques participant à ces phénomènes, l’une des plus importante est l’attaque des calcaires par les eaux chargées de dioxyde de carbone (CO2).

Les actions physiques démarrent généralement par la fragmentation des roches, grâce à la fracturation naturelle et sous l’effet des variations de températures, journalières et saisonnières. Ainsi pendant l’hiver, l’eau gèle dans les fissures et fait éclater la roche :  c’est le phénomène de gélifraction.

Schéma gélifraction

 2 Transport et creusement : 

Les produits de la fragmentation chutent d’abord verticalement puis sont entraînés par gravité le long des pentes. Les première formes d’accumulation à ce stade sont les éboulis. Plus bas, les débris sont pris en charge par le réseau hydrographique même si celui ci est intermittent comme dans les calanques.

L’un des très nombreux éboulis des Calanques

3 Accumulation :

Dans les zones à faible pente, les produits meubles stagnent. On trouve alors des colluvions qui s’accumulent en bas des versants sous forme de cailloutis, limons, sables no arrondis ( ce qui prouve qu’ils ont été peu transportés). Ils sont mis en place au quaternaire par les eaux sauvages qui ruissellent un peu partout lors des fortes précipitations.

C’est le cas des grèzes de Marseilleveyre.

Grèzes à Marseilleveyre

4 Le cycle d’érosion

dans l’évolution d’un relief lié à l’érosion, on peut distinguer 3 stades :

  • Le stade de jeunesse avec un profile très redressé des versants favorisant un creusement très actif.
  • La maturité le creusement est moins actif. Les altitudes se sont abaissées les pentes adoucies, les formes devenues molles.
  • La vieillesse montre des reliefs qui s’effacent graduellement.

Grotte St Michel d’eau douce et son ermitage aujourd’hui disparu

Grottes et cavités

Exsurgences

Dans le massif, il existe plusieurs rivières souterraines.

La principale, celle de Port Miou débouche sur la mer vers 10m  de profondeur.

Une autre exsurgence sous marine existe à Cassis dans l’Anse du Bestouan à la sortie de port.

D’autres venues d’eau douces existent mais n’ont pas été explorées à Port miou enVau , Sugiton,…

Rivière souterraine de Port Miou

Avens

Tous les avens ont été connectés à un moment de leur histoire au réseau hydrologique actif. C’est la seule explication de leur genèse.

Ils sont creusés de bas en haut par la dissolution des parois de diaclases envahies par une nappe en réseau soumise lors de crues à de fortes pressions.

On trouve dans les Calanques plusieurs Avens :  Aven des Marseillais, sur le flan de la Gardiole, Gouffre du Logisson au Sud Ouest du camps de Carpiagne, Gouffre de la Gorguette au Nord de Cassis.

Entrée de l’Aven des Marseillais

Grottes sans activité hydrologique

On dénombre plus de  100 cavités sèches dans les calanques.

Toutes ces cavités sont peu profondes car obstruées par des bouchons d’argile ou des éboulis concrétionnés.

Grotte de l’Hermite, typique des karsts anciens

Le Karst

Le Karst est une région naturelle (Italie et Slovénie) qui a servi de modèle pour l’étude du processus.

Le relief karstique est une forme de paysage provoqué par l’action de l’eau qui s’infiltre dans le sous-sol de certaines régions. Cette eau va dans un premier temps dissoudre la roche puis dans un second temps, redéposer cette matière dissoute en créant des formations caractéristiques.

Schéma érosif massif karstique

Dans les Calanques, les nombreux changements du niveau de base de la mer ont profondément désorganisé le dérouleent du cycle karstique.

On peut distinguer deux unités bien distinctes :

  • le karst très ancien dont l’origine peut remonter au Miocène, représenté par des cavités sèches élevées telles que les grottes de l’ours, de St Michel d’eu douce, de l’hermite creusées dan le Roc St Michel.
  • un karst actuel mis en place au quaternaire fonctionne actuellement dans des conditions anormales, c’est à dire sous la mer; C’est celui de port miou, du Bestouan et d’autre exsurgences. Sa dernière période de fonctionnement normale fut lors des dernières glaciations. A cette époque, la galerie de Port Miou était située à une altitude de 120 m environ.

Failles, dolines, diaclases,…

Nous avons évoqué les éboulis et grottes mais de nombreux autres éléments caractérisent le paysage des calanques. En voici quelques uns.

Lapiaz :  formation géologique de surface dans les roches calcaires et dolomitiques, crée par le ruissellement des eaux de pluie qui dissolvent la roche ou par la cryoclastie, ce qui forme un grand entablement rocheux parcouru de réseaux de diaclases ou fissures.

Faille dans le secteur de luminy

Diaclase (fracture sans déplacement des compartiments séparés par cet accident) à Port Miou 

Doline à Calseraigne La dissolution des calcaires de surface conduit à la formation de dépressions circulaires mesurant de quelques mètres à plusieurs centaines de mètres de diamètre.

Abris sous roche de la fontaine de Voire. On trouve de nombreux abris sous roche du même type dans les calanques (abri de Cortiou, cirque du Puits du Lierre et du Pas de la Selle)

La Grotte Cosquer

Unique au monde, cette grotte sous-marine abrite plusieurs dizaines d’oeuvres peintes et gravées il y a environ 27 000 et 19 000 ans.La grotte Cosquer est située dans les Calanques, près de Marseille, au cap Morgiou. Elle est accessible par un tunnel long de 175 mètres dont l’entrée est à 37 mètres de fond.

Ornée de divers animaux terrestres, elle compte également des phoques et
des pingouins, 55 mains négatives et d’innombrables tracés digitaux, des dizaines de signes géométriques ainsi qu’une gravure exceptionnelle représentant un “homme tué”.

Afin de préserver ce site exceptionnel, mais également pour des raisons de sécurité, son accès est fermé au public. Une représentation de la grotte en images de synthèse 3D a été réalisée par EDF, en 1994.

La géologie des Calanques

Echelle géologique

L’échelle géologique permet de fixer des repères dans le temps. Elle est divisée en étages et sous étages. Le nom des étages correspond aux lieux sur lesquels ont été découvert les sédiments caractéristiques d’une période (ex Barrémien de la ville de Barrême dans les Alpes de Haute Provence).

Histoire géomorphologie

Géomorphologie : C’est la branche de la géographie qui étudie les formes de relief et leur évolution.

Elle va apporter les principaux éléments d’explication.

Il y a eu une suite d’étapes.

1ière phase (en fin jurassique et crétacé vers-l50 M. d’années) :

Accumulation d’une énorme masse de calcaires urgoniens sur près de 1500 m d’épaisseur, .

2ième phase (-30 M. d’années) :

Après le retait de la mer, deux grandes crises tectoniques ont déformé les terrains et ont transporté horizontalement, sur des dizaines de km, des unités montagneuses qui se sont superposées les unes sur les autres.

Plusieurs épisodes de sédimentation lacustre occupent les périodes d’accalmie.

3ième phase (milieu du tertiaire) : 

Puis un long cycle d’érosion cycle d’érosion à nivelé tout le pays en même temps la mer effectuait un retour partiel.

Les éléments que nous venons de citer sont comme un puzzle nécessairement sujet interprétation pour reconstituer l’ancienne topographie.

Parmi les hypothèses qui viennent à l’esprit la plus simple et la plus vraisemblable est celle d’une surface unique, enveloppant largement l’ensemble des témoins, passant par les crêtes de Carpiagne et s’abaissant régulièrement vers la mer.

Le caractère de maturité de cette surface élaboré au cours de l’époque miocène montrent qu’elle n’était plus soumise qu’à une érosion très ralentie. La pente générale du terrain devait être plus faible que la pente actuelle et sans doute l’altitude moyenne plus basse.

4ième phase (fin du tertiaire, vers -10, -6 M .d’a.):

Enfin un grand mouvement de surrection vers la fin du Miocène à soulever toute la région, la portant par endroit à de très hautes altitudes.

Un mouvement de bascule rehausse l’intérieur du pays et abaisse la zone littorale.

C’est ce phénomène qui est responsable de la position actuelle, inclinée vers le sud Ouest, de la surface d’érosion miocène.

Voilà en résumé les principaux cycles qui en 80 MA ont construit la première ébauche de la Provence.

Les Calanques sont donc des vallées sèches, dont la partie inférieure a été envahie par la Méditerranée.

En effet, à l’époque quaternaire( -1.5 MA), plusieurs époques glaciaires ont entraîné la formation de très puissants glaciers en montagne et sous les hautes latitudes ; cela s’est donc accompagné d’une baisse du niveau de la mer et, partant, d’une érosion fluviale renforcée.

Lors de la dernière glaciation, la mer était à -120 m ; il y a 10-12000 ans, la glace a fondu, le niveau marin s’est relevé, ennoyant les basses vallées : Les Calanques, formées d’un canyon calcaire aux parois raides envahi par la mer et d’une vallée sèche en amont, étaient nées.

Notons qu’elles ne sont en rien des fjords, lesquels sont dus au creusement par des fleuves de glace de deux ou trois milliers de mètres d’épaisseur et sont de forme et d’ampleur autres.

Paysages actuels du massif de Calanques

On distingue facilement deux types opposés.

1

Dans certains secteurs comme dans le versant sud du chaînon de Carpiagne, au dessus de la route de la Gineste, on voit un groupe de relief dont les irrégularités ont été rabotées, ce qui donne des surfaces arrondies et molles caractérisant des formes de maturité, donc une topographie déjà ancienne.

2

Sur le versant maritime,, se creusent des cirques rocheux enchevêtrés, des crêtes dentelées et étroites, des murailles verticales qui sont les témoins d’une érosion récente et actuelle.

 Géologie actuelle

 Focus sur le massif de Marseilleveyre

Le substrat est constitué par du calcaire de faciès urgonien (Barrémien, Crétacé inférieur, ère secondaire), qui s’est déposé il y a environ 110-120 Ma.
Le rivage actuel est relativement récent (il date d’environ 6 000 ans). Il y a 20 000 ans, il se situait 120-130 m sous le niveau actuel. Au Cap-Croisette, il se situait donc très au dela de l’île du Planier, à environ 10 km au large du littoral actuel.
 Il est important de remarquer que, à l’échelle du Pléistocène, un niveau marin élevé, comme c’est le cas actuellement, est représentatif de brefs épisodes climatiques. le niveau marin a généralement été plus bas, ou beaucoup plus bas, qu’aujourd’hui.

Dans le massif de Marseilleveyre , les vestiges d’anciennes surfaces sont beaucoup plus réduit et morcelés qu’à Carpiagne ou au Mont Puget.

Le plus vaste témoin est celui du plan de Coulon ou plateau de l’homme mort, (“coulon” = colline longue), entre le col de Cortiou et le Pas de la Selle. Son altitude s’abaisse légèrement vers le Nord Ouest. Très visible depuis la ville de Marseille, il contraste avec le profil dentelé des autres crêtes.

Plan de Coulon 

La partie sommitale du Roc St Michel,  km au Nord Est de Callelongue, est aussi le témoin typique de l’ancienne topographie, isolé par les ravins de St Michel et de La Mounine.

Partie sommitale du Roc St Michel

Plus à l’Est d’autres reliques sont facilement discernables, aussi bien à la lecture des cartes que sur le terrain. Par exemple la crête des Escampons, longée par le chemin de Luminy  à Sugiton est une colline très arrondie mais tranchée net par les abruptes de la Calanque de Morgiou.

Au Cap Morgiou on voit de loin le profil qui tranche obliquement les bancs Urgoniens.

On remarque en effet que si la partie nord est une surface structurale (confondue avec une surface de sédimentation (de la Caville à La Baume Rousse sur la photo ci dessous),la partie Sud est une surface d’érosion (les taches noires,…).

Elements de stratigraphie

La stratigraphie étudie la succession des couches sédimentaires. deux principes régissent cette discipline :

  • la continuité : une même couche à le même âge sur toute son étendue
  • la superposition : de deux couches superposées, la plus basse est la us ancienne.

Coupe stratigraphique du massif de Puget

Etude  de la stratigraphie de Marseilleveyre

Le massif de Marseilleveyre est formé essentiellement de calcaires Urgoniens comme le montre bien la carte géologique.

Il faut toutefois signaler d’importants affleurement d’Hauterivien en bord de mer entre les Calanques de Marseilleveyre et de Cortiou. Ils sont bien reconnaissables par leur matière plus marneuse et leur couleur plus foncées, grises et noires. Ils sont souvent très roches en fossiles.

Calcaire à rudistes,  Jurrassique (Berriasien inférieur), Mont-Rose

Coquilles d’huitre dans un affleurement d’Hauterivien, Marseilleveyre

Sur le flanc Nord du massif, e bordure de la dépression occupée par la ville de Marseille, du mont Rose à l’Ouest, au col de Sormiou à l’Est, on trouve une bande continue de terrain Jurassiques, Valangiens et Hauteriviens qui soulignent la base de l’Urgonien;

Plus à l’Est, à la faveur de failles, un affleurement important souligné par une dépression topographique Nord – Ouest / Surd – Est qui détermine la calanque de Sormiou.

Dans la calanque de Marseilleveyre, on trouve également des terrains beaucoup plus jeunes. Il s’agit de formations wurmiennes de l’ère quaternaire. Ce sont des sédiments détritiques de teinte ocre clair, formés de petits éléments calcaires enrobés par un sable calcaire.

Cette formation s’est déposée au moment des périodes très humides qui ont marqué la fin des temps glaciaires, conditions climatiques qui ont peut être laissé le souvenir du déluge.

Sédiments détritiques, dits Grèzes au premier plan, Marseilleveyre

Frise historique

-110-120 Ma Dépôt de calcaire urgonien Barrémien, Crétacé inférieur, ère secondaire 1264 La Ville paie des guetteurs sur la côte et les Iles dont Maïre et Riou  
-200 000 ans Glaciation dite du Riss, le niveau de la mer est très bas (-120 m. environ) Vers 1300 Les guetteurs sont remplacés par des vigies pour essayer de contrer les pirates
Création de grottes dans la roche urgonienne qui servaient alors d’abris aux chasseurs et pêcheurs préhistoriques 1395 Don de la grotte de St Michel à un ermite napolitain
-65000 Multiples allers et retours de la mer sur les rivages de la Méditerranée au cours du Quaternaire et au gré des alternances de périodes glaciaires et de réchauffement. XIV ième siècle Industrie du savon utilisant la soude végétale, l’huile d’olive et le procédé Leblanc
-27000 Première occupation de la grotte Cosquer à Morgiou 1481 Rattachement de la Provence à la France de Louis XI.
-15000 Seconde occupation de la grotte XVIII et milieu du XIXième siècles Construction de corps de garde, sémaphores et redoutes par Napoléon 3 qui viennent renforcer le système de batteries mis en place par Henri IV et Sully
-10000 Fonte des vastes calottes glaciaires qui recouvraient une grande partie de l’Europe du Nord et du Canada et élévation du niveau de l’Océan mondial 1942-1945 Occupation allemande et construction dans les Calanques du Zud Wall
-6000 Le littoral occupe la place actuelle 1985 Découverte de la grotte Cosquer
-600 Fondation de Marseille par les phocéens 2003 ’Identification de l’avion de St Exupery
-50 à +50 Pêcheries de thon à Riou, Plane, Ile Verte et Embiez 2012 Naissance du Parc national des Calanques
+400 Christianisation de la Provence ; Lazare évêque, Cassien qui fonde à sa demande St Victor pour les hommes et St Sauveur pour les femmes. Les soeurs de St Sauveur se voient confiées la propriété des Calanques

Fortins, sémaphores et redoutes

Ce sont d’abord les Grecs qui les premiers mettront en place un système de guet appuyé sur une marine de guerre pour la première fois dans la région des Calanques.

Les mouillages et abris sont en effet nombreux dans les Calanques et serviront jusqu’au début du XXième siècle à la contrebande. L’ ile Maïre sera la première à recevoir une tour de guet en dur.

Vers 1300 Robert le Sage décida de remplacer les guetteurs du littoral par des Vigies , pour essayer de contrer les pirates.

Une première mention d’un point de garde sur le massif remonte à 1302 : le Farossium in loco de Masselhaveyra. Il s’agit de la vigie qui fait face à l’île de Riou, et qui se trouve au sommet à une altitude de 432 mètres. Elle fut utilisée jusqu’en 1814. Il y avait deux guetteurs qui communiquaient avec la Turris de Gardia et le farot de Riou. La Vigie de Marseilleveyre est souvent dans la brume des entrées maritimes ou dans les nuages venant de l’est. En 1864, elle fut remplacée par le sémaphore de Callelongue et transformée en refuge du Club alpin français.

On trouve des traces de ses farots et tours de guets tout le long du littoral Méditerannéen.

Il faudra encore du temps pour avoir un cordon de batteries autour de la Baie de Marseille. Henri IV et Sully décident de fortifier les frontières de la France.

C’est François 1er qui avait lui fait construire le Château d’If. Ensuite ces positions sont reprises et améliorées jusqu’à Napoléon III. Ces majestueux corps de garde qui s’élèvent tout autour de la baie prouvent bien qu’ils n’ont guère vue d’action puisqu’ils sont encore là.

Colbert relance l’économie du port, ce qui entraîne une recrudescence de piraterie. Mais il vaut mieux avoir des canons pour protéger les caboteurs qui arrivent vers Marseille, plutôt que d’avoir des guetteurs qui essaient de signaler à des guetteurs sur Marseilleveyre qui essaient de signaler à Notre Dame, qui passe le message à Marseille.

Fortin des Goudes 

Zud Wall Allemand

En 1943, Hitler, alarmé par la présence des alliés en Afrique du Nord, décide de construire le « Sudwall », pendant méditerranéen du Mur de l’Atlantique.

Les fortins existants dans la rade Marseille ont été réutilisés par les allemands  partir de 1942. Celui de Callelongue, en pierre dite de Cassis, date des années 1880. Il fait partie de tout un ensemble de constructions militaires que l’on retrouve sur tout Marseille,tout au long du littoral.

La Batterie de Montredon, française à l’origine, fait déjà son apparition dans un procès verbal de la commission de défense des côtes du 19 février 1886.

5 bunkers y seront aménagés en 1943 par les allemands.

La piscine de la Pointe Rouge est à présent construite à l’emplacement de la batterie. Seules les Casemates sont visibles.

Les cabanons

La construction des cabanons est relativement récente puisqu’elle démarre dans la deuxième moitié du 19ème siècle et au vingtième siècle également

Objets  hétéroclites, ceux qui se situent dans les calanques comprenaient tous une caserne de douane.

Les pêcheurs avaient besoin de cabanons parce qu’en cas de tempête il fallait pouvoir s’abriter.

Dans la Calanque de Morgiou il y a des traces de bergeries qui ont été transformées en cabanons mais la plupart on été construit en série pour être loué et pour servir aux loisirs des marseillais. 4,5 m sur 6, une seule pente et au milieu une grande pièce et c’est occupé par une soupente de la longueur d’un lit.

Les pêcheurs étaient les seuls à avoir  le droit de construire sur le domaine public maritime.

Le cabanon est aussi une construction sociale. Les voyageurs qui passaient par Marseille regardaient la villégiature marseillaise comme un objet de curiosité et parlaient des bastides qui sont des maisons de campagne. Ce n’étaient pas forcément de riches maisons patriciennes, bastide signifiant “bâtit” en provençal.

Le cabanon du bord de mer est très lié à la pêche. Le sommet du bonheur si on écoute certaines chansons marseillaises, c’est d’avoir un cabanon et une barque à fond plat pour aller pêcher avec les copains.

Dans la deuxième moitié du 19ème siècle, époque où se crée la matrice de la représentation du cabanon et des valeurs qui y sont attachées, le cabanon est une maison des hommes.

Le contexte industriel dans les Calanques

Les environs de Marseille ont un passé industriel très ancien et multiple.

Concernant le front de mer et plus précisément le Sud de Marseille, des  moulins à grains sont installés dès le moyen âge sur des béals aménagés à proximité de l’embouchure de l’huveaune  (Teisseire , 1936 ).

Plus près des Calanques, profitant de l’isolement relatif des industries métallurgiques notamment vont s’installer.

Les usines de Soude

La première usine de soude au niveau local fut construite en 1810 par Monsieur Saména et destinée essentiellement aux savonneries de Marseille.

À l’époque, la soude était encore fabriquée artisanalement, en important des plantes d’Espagne. Mais le blocus qu’impose Napoléon Ier face à l’Espagne met à mal les importations : c’est dans ce contexte qu’on découvre un nouveau procédé chimique qui va permettre d’accroître considérablement la production. Ce procédé est simple : l’action de l’acide sulfurique sur le sel le transforme en carbonate de sodium.

Le problème de cette réaction, c’est qu’elle produit de l’acide chlorhydrique. On invente alors le principe de ces cheminées rampantes, exclusivement réalisées en calcaire. L’avantage du calcaire est de fixer l’acide chlorhydrique, en créant du gaz carbonique. Il n’y avait donc, officiellement, que du gaz carbonique dans les fumées que ces cheminées rejetaient. Ce dédale, qui laissait le temps à l’acide chlorhydrique d’être fixé, est encore visible aujourd’hui à la naissance de la cheminée.

Il faut noter que ces cheminées rampantes avaient un autre avantage, et non des moindres : il s’agissait aussi pour les industriels de réussir à construire les cheminées les plus petites possible. En effet, une partie des taxes qu’ils devaient payer étaient calculées sur la hauteur des cheminées…

Encore aujourd’hui, il existe de nombreuses cheminées rampantes dans le massif de Marseilleveyre. Celle de l’usine Legré Mante est la plus impressionnante. Elle s’étire sur 500 m en direction des sommets.

L’usine de l’escalette

On ne sait que peu de choses de son fonctionnement, on sait juste qu’elle a été en activité de 1851 à 1924. Il s’agissait alors de la plus grande usine française de traitement du plomb, de l’étain et de l’argent. Elle exporte 3000 tonnes de lingots de plomb par an.

Six ans plus tard, elle est remise en service pour recycler les déchets des hauts fourneaux de Provence, pour réaliser des pavées de voirie, et produire du minerai de plomb. Mais cette deuxième activité ne durera pas.

Les constructions visibles depuis la route des Goudes permettent d’imaginer l’ampleur de l’usine. Les bateaux, chargés de minerai, arrivaient par le petit port de l’Escalette, à l’endroit où se dresse aujourd’hui un restaurant. De là, le minerai était acheminé par wagonnets jusqu’en haut du site, où il était laminé-roulé. On retrouve encore des traces des rails de ces wagonnets. On retrouve aussi les emplacements des fours et, bien sûr, la longue cheminée rampante qui renvoyait les fumées loin des habitations des ouvriers, à l’entrée de l’usine.

Pendant l’Occupation de la Seconde Guerre Mondiale, les Allemands ont ordonné le démantèlement des charpentes métalliques. Par endroit, on aperçoit encore les traces des anciennes poutres métalliques qui couvraient tout le site.

La friche industrielle a été rachetée en 2011 par la Galerie 54 pour y réaliser un parc architectural et sculptural. Le travail de dépollution du site est colossal, mais le parc ouvre au public pour la première fois l’été 2016 pour y accueillir en exposition un pavillon tropical de l’ingénieur et architecte Jean Prouvé.

D’autres usines de soude ont été créées aux alentours : aux Goudes, à Callelongue, et jusqu’au col de Sormiou. Aucune ne subsiste aujourd’hui : un nouveau procédé industriel de fabrication de soude a été mis au point en 1870 et les usines, incapables de s’adapter à cette nouvelle technologie, ont dû fermer les unes après les autres. Certaines ont été remplacées par des usines de plomb.

Piliers, murs de soutènement, cheminées rampantes, bassins de lavage et de décantation rappellent l’activité de l’Escalette. Cette usine de plomb permettait de traiter le matériau toxique. Pour éviter de polluer la ville tout en restant accessibles, les usines de soude (pour fabriquer le savon de Marseille) ou de plomb furent installées dans les calanques de Callelongue ou à la Redonne.

Elles fonctionnèrent jusqu’à la fin du XIXe. Un petit port avait été construit à proximité pour amener le minerai par péniches et barges. La raffinerie a fermée en 1925.

La décennie 1870 signe cependant une accélération de la dégradation des eaux du Prado, par une industrialisation généralisée des berges de l’Huveaune et de son affluent, le Jarret.

Dans le petit fleuve côtier se déversent à partir de cette date des quantités importantes d’acides (utilisés tant dans les fabriques d’indiennes ou les huileries de l’Huveaune que dans les usines de décolletage du Jarret), fruits d’activités stimulées par l’ouverture en 1876 de la gare du Prado.

L’urbanisation croissante des espaces sud et est de Marseille qui accompagne l’industrialisation (quartiers du Prado, de Mazargues, des Chartreux, de Montolivet, de la Blancarde) trouve de plus dans ces cours d’eau un débouché naturel aux eaux usées d’origine domestique.

La plupart de ces quartiers n’ont pas été raccordés au grand collecteur d’égout de l’ingénieur Charavel, qui transporte à partir de 1895 jusqu’à l’émissaire de Cortiou les rejets quotidiens des familles marseillaises.

Le déclin des usines de soude des calanques est apparu à partir de la seconde moitié du 19e siècle. Ces dernières utilisaient le procédé chimico-industriel dit « Leblanc » pour leur production. Très coûteux en énergie, il s’est vu supplanté dès les années 1870 par un procédé moins polluant nommé « Solvay ». Celui-ci présente également des avantages économiques puisqu’il est moins cher à mettre en œuvre et permet de produire une soude à moindre coût.

Petit à petit, les usines de soude ont alors fermé car elles n’ont pas réussi à modifier leur processus industriel et se sont effondrées économiquement. Quant à celles à plomb, elles sont restées présentes jusque dans les années 1920. La dernière à avoir fermé ses portes, en 1924, est celle de l’Escalette qui a fonctionné pendant 73 ans et dont les ruines encore en bon état sont les derniers témoins de cette aventure industrielle.

« Outre les raisons économiques qui expliquent ce déclin, on assiste à une véritable prise de conscience de la population dès le début du 20e siècle. Les habitants se rendent compte que les calanques sont des lieux pour les excursions et pour s’aérer et se mobilisent contre la présence des usines. La première grande manifestation de masse a eu lieu en 1910, à côté de la carrière de Port-Miou, pour protester contre la destruction des beautés naturelles du site », raconte Xavier Daumalin.

Une nouvelle géographie industrielle s’est alors mise en place. La concentration d’usines que l’on trouvait autrefois dans les calanques s’est petit à petit déportée d’abord vers l’Etang de Berre à la fin du 19ème siècle, puis vers Fos-sur-Mer dans les années 1960. L’activité bat son plein encore aujourd’hui le long de ces deux zones.

La manifestation de Port Miou : premier mouvement populaire environnemental ?

La manifestation du 13 mars 1910 était destinée à stopper l’extension de la destruction, entreprise en 1896, de la rive Nord de la grande calanque de Port-Miou par la carrière Solvay.

On ne travaillait pas la pierre pour la construction, mais on l’acheminait par mer vers une usine chimique de Camargue. A un débit industriel, la pierre partait servir à la confection de la soude utilisée dans les savonneries de Marseille ou du chlore pour la fabrication du gaz moutarde.L’intérêt de la calanque pour l’exploitant était la commodité d’embarquement de la pierre sur des chalands.

Il faut souligner que les défenseurs des Calanques n’étaient pas systématiquement et aveuglément opposés à toute exploitation de la pierre : c’est ainsi que la carrière de la Pierre de Cassis, située à l’écart de la calanque, est toujours en activité. Cette belle et solide pierre de taille dont les gisements sont rares, a entre autres servi à reconstruire le grand phare de Planier (hauteur 71 mètres), qui éclaire l’entrée de la rade de Marseille.

L’exploitation de cette carrière de Port-Miou, durera 85 ans (1896-1981).

En 1922, c’est la Calanque d’En Vau qui est cette fois menacée par un projet de carrière.

Les luttes pour la protection des Calanques ne manqueront pas au cours du 20ième siècle

1923 : création par un collectif d’associations du Comité de Défense des Calanques, qui obtient le classement en site protégé de la forêt de La Gardiole en 1934, et des calanques d’En-Vau et de Port-Pin en 1936.

• 1927 – Le Dr Poucel sort son livre ” les calanques en périls”

• Années 1930- 1960 : mises e échec du projet de route en corniche sur le littoral des calanques de Marseille à Cassis.

• 1959 : mise en échec du projet d’une salle des congrès de 8 000 places sur le Plateau de l’Homme Mort. Ceci serait surmonté d’une tour culminant à 380 mètres. Ultérieurement des places ont été trouvées en ville pour la construction de salles de congrès.

• Années 60 : longue bataille aboutissant à la mise en échec du projet de privatisation du sommet du massif de Marseilleveyre au profit d’un restaurant panoramique, dont l’accès se serait fait par un téléphérique survolant la petite forêt de la Grotte-Rolland. Peu de temps après, par ce qu’on appellera un hasard malheureux cette forêt brûlait, alors que sa préservation était l’un des arguments forts contre le téléphérique. Mais ce hasard malencontreux eut pour seul résultat d’amener les défenseurs à maintenir leur action.

• En novembre 65, Maïre fait l’objet de convoitises, on songe à y édifier un monument à la gloire de l’Empire colonial français, puis en aout 66, c’est l’ ORTF qui voudrait y établir une plate-forme d’atterrissage pour hélicoptères. A cause des coûts pharamineux, ces projets restèrent dans les cartons.

• En 67, un réseau routier de 42 kms est envisagé par la mairie dans les calanques.

• Années 70 : la pollution des calanques par le « Grand Collecteur » de Cortiou, puissant tout-à-l’égout qui débouche au cœur du massif, devient innommable en l’absence de la moindre station d’épuration de l’agglomération marseillaise.
Bordée d’écume jaunâtre, cette vaste nappe sombre, visqueuse, huileuse, ornée de déchets variés, s’étend sur presque toute la façade des calanques et rejoint au Cap Croisette la pollution de la rade.
Les Amis de la Terre distribuent des tracts et collent des affiches portant le titre Marseille tout-à-l’égout tout à la mer ; sous ce titre un honnête citoyen est assis sur le siège de son WC près du littoral, et la chasse d’eau évacue tout directement dans la mer.
Une station d’épuration sera enfin mise en fonction en 1987, apportant une réelle amélioration, mais insuffisante dès le début.

• 1975-76 : suite à l’action incessante des associations le massif des calanques et ses abords maritimes deviennent site classé.

• 1992 : mise en échec de la révision du POS venant d’être faite par la municipalité de Marseille, révision qui ouvre la possibilité d’urbaniser quatre calanques et de transformer une piste du feu en voie ouverte à la circulation.
Création sous l’égide du Professeur Augier, autorité en matière de biologie marine et d’environnement, de l’association Union Calanques Littoral, qui avec les autres associations proclame que l’on ne peut pas continuer à batailler indéfiniment et qu’il est nécessaire de constituer le massif des calanques en Parc national.

. 1997 (1er novembre) : manifestation à En Vau contre un projet de débarcadère dans la calanque, suivie de la mise en échec de ce projet.

• 1999 : création ministérielle du GIP-calanques (Groupement d’Intérêt Public) dont la mission est de conduire le projet de création d’un Parc national.

• 2008-2009 : suspension (pour combien de temps ?) du projet de privatisation du Mont-Rose qui est l’une des portes des calanques, au profit d’un hôtel de luxe.

Extrait du site coeur naturiste

Le monde marin

La Pêche dans les Calanques

La pêche dans les Calanques existent depuis 30 000 ans. il n’ya toutefois jamais eu de pêche industrielle dans les calanques.

Quelques techniques de pêches qui étaient employées à Sormiou notamment :

Au filet

Au spicou

Au Ganbin

Le corail

Objet de privilèges de pêche âprement disputés entre Marseillais et Napolitains au Moyen-Age, l!exploitation du corail fait la fortune de la compagnie du corail au XVIeme siècle et celle de la désormais illustre famille marseillaise Lenche. Dynamique centre d!exploitation, Marseille devient aussi un des principaux centres de transformation du corail en bijoux, activité qui déclinera pourtant peu à peu au profit de Torre del Greco, près de Naples, et de Bonifacio, qui seuls subsistent aujourd’hui.

Marseille fut une des capitales de l!exploitation du corail rouge en Méditerranée, grâce auquel la ville a rayonné dans le monde entier au fil des siècles.

La Madrague de Montredon

La Madrague doit son nom à cete technique de pêche assez devastatrice, spécialement conçue pour la pêche au thon pendant leurs migrations le long des côtes. Il s’agit d’un système regroupant une série de filets de pêche successifs, fixes, formant un piège à plusieurs étages pour conduire les poissons jusqu’à la « chambre de la mort ». Les filets sont ancrés au fond, et attachés à des flotteurs à la surface de la mer. Une fois les poissons pris au piège, les bateaux enserrent le dernier filet et le remonte progressivement pour les emprisonner.

La technique était pratiquée depuis l’Antiquité par les Phocéens. Plus tard, la pêche à la madrague était un privilège pour les seigneurs locaux, autorisé par le Roi par lettres patentes. Du fait de ces privilèges, elle a fini par être interdite en France à partir de 1851. Ici à Marseille, la technique a perduré jusqu’à l’apparition des usines du quartier. À cause de la pollution qu’elles généraient, les poissons ont fini par disparaître des côtes marseillaises…

Quant à la montagne qui domine le port de Montredon du haut de ses 82 m, il est appelé aujourd’hui Mont Rose, alors qu’il s’appelait autrefois Mont Redon. Son nom ne vient pas de sa couleur, comme certains le croient, mais là aussi de son histoire : il a été acquis par le Chevalier Roze, personnage qui s’est illustré pendant l’épisode tragique de la peste à Marseille en 1720.

Au 17ième siècle on péchait à la Madrague à Montredon, Morgiou ainsi qu’à l’Estaque. Thons, maquereaux et bogues constituent des prises de choix.

On  note déjà à l’époque des périodes de pêche plus fastes que d’autres. Ce sera encore plus vrai au 18ième siècle.

Les accidents climatiques extrêmes qui ont émaillé la période du petit âge glaciaire survenu entre 1550 et 1850 expliquent en partie certaines disettes.

Dans la plupart des cas, les phases de « stérilités » coïncident en effet avec le passage d’un ou de plusieurs hivers excessivement rigoureux.

Mais d’autres facteurs rentrent également en jeu avec notamment au début du XVIIIe siècle une mutation des pêches considérable. Deux techniques se diffusent pendant la période :

  • celle des filets traînants,  ou « pêche au gangui »:  un filet lesté sur sa base, balaye le fond de la mer. Celui-ci est jusqu’à la fin du XVIIe siècle soit tiré de la plage (boulier languedocien, eissaugue provençale), soit tiré par une embarcation que se laisse dériver : le principe du tartanon provençal. L’innovation que constitue la « pêche aux bœufs » vient du fait que désormais, le filet est tiré à la voile.
  •  celle du « pendis » : une palangre, c’est-à-dire d’une ligne mère sur laquelle sont attachés des bras de ligne se terminant chacun par un hameçon.Le procédé, qui existe depuis l’Antiquité, a été modifié par les pêcheurs espagnols. En intercalant sur la ligne mère flotteurs de liège et poids ont permis aux centaines d’hameçons qui garnissent leurs lignes de stationner en pleine eau et non à fond, ce qui les rend infiniment plus efficaces que les palangres classiques provençales.

Ces deux techniques accroissent massivement les prises pour répondre aux beoins d’une population grandissante. Associé à un déclassement des pêcheurs les plus pauvres qui ne peuvent répondre à la concurrence des gros bateau, le sentiment d’un dépeuplement et d’une pénurie de poisson se développe d’autant que le petit poisson pélagique constitue la base alimentaire de la population la plus modeste.

C’est aussi à la fin du XVIIIe siècle que la colonie de phoques moines marseillais se réduit de manière drastique, alors que deviennent rares les dattes de mer, et que la taille des patelles récoltées par la pêche à pied est de plus en plus modeste.

L’activité de pêche a aussi pu être mesurée par la disparition des récifs d’hermelles (Sabellaria alveolata) présents dans le golfe de Marseille, au XIXe siècle.L’apparence d’ensemble de ces colonies leur fait attribuer l’appellation populaire de « pierre d’abeille », déclinée à Marseille au XIXe siècle sous la forme provençale de « peiro abillo ». Les hermelles sont utilisées comme appats par les pêcheurs. Entre 1870 et 1900  un essor rapide de la navigation de plaisance à Marseille épuise ces ressources.

« Les Peiro abillo sont vendues le samedi sur les quais, directement par les ramasseurs. Ceux-ci en débitent près de 1000 kgs ce jour-là. Sans parler des hermelles vendues les autres jours de la semaine par les marchands, ni de celles que les Napolitains se réservent pour leur propre pêche, la quantité ainsi consommée est importante et peut être évaluée au moins à 50 000 kgs par an ».

Peu à peu l’approvisionnement se fait plutôt sans le Var sans pour autant que les colonies d’hermelles ne se reconstitues.

C’est la dégradation des eaux du Prado, par une industrialisation généralisée des berges de l’Huveaune et de son affluent, le Jarret qui semblent être les causes les plus probable de cette disparition.

La Plongée à Marseille

Le 15 août 1952 : Découverte au sud de Marseille du grand Congloue 

C’est là que se trouvent les vestiges d’un navire du IIème siècle avant JC. Le gisement courrait sur près de 1000 mètres-carré environ. C’est l’occasion pour le commandant Cousteau et son fidèle plongeur marseillais Albert Falco de réaliser les premières images sous marines.

Découverte au Grand Conlue de vestiges d’un navire du IIème siècle avant JC

1961 Création de la COMEX première entreprise de plongée professionnelle

L’entreprise développe de nombreuses expériences qui ont participé à développer les connaissances actuelles de la plongée dont l’emploi de l’hélium dans les mélanges respiratoires.

Comex

1965 Les premières maisons sous la mer

Les pionniers de l’exploration sous-marine de l’équipe Cousteau débutaient une expérience unique au monde : vivre un mois à 100 mètres de profondeur, dans les eaux obscures et froides, avec pour seul refuge la sphère de Précontinent 3.

1965 Les premières maisons sous la mer

1967 : Le Télescaphe

Le téléscaphe est une invention de James Couttet, champion de ski de l’avant et après-guerre. Après avoir créé la station de ski des Bossons à Chamonix (voir ici), il s’est lancé dans ce nouveau projet, accompagné de l’ingénieur Denis Creissels.

Le téléscaphe est un télécabine sous-marin, permettant de voir le fond de la mer sans devoir passer par la case baignade / masque / tuba / bouteilles.

Ce projet, né dans en 1967 et qui n’a duré qu’un an faute de moyen (il y a aussi des rumeurs d’accident…)

1967 : Le Télescaphe

Rose des vents

L’escalade dans les Calanques

L’histoire de l’escalade dans les Calanques débute il y a plus de 130 ans, sous les pieds et les mains de F. W. Mark qui réalise en 1879 l’ascension de la Grande Candelle.

S’en suivent d’innombrables premières ascensions jusqu’à l’avènement du libre dans les années 1980, où les exploits volent sans concessions. Patrick Edlinger enchaîne “Nymphodalle“, le premier 7c de France, en 1979. Il y aura aussi le premier 9a de François Legrand en 2000, “Roby in the sky“, à la Grotte de l’Ermite (Les Goudes), et le premier 8b+ à vue au monde d’Elie Chevieux, “Les Massey Ferguson“ à la Grotte de l’Ours (Luminy).

En héritage, on retrouve dans les Calanques les styles spécifiques à chaque époque : grandes voies en fissure, évidentes, de l’époque Livanos, voies ouvertes du bas à grand renfort de goujons dans les “seventies”, couennes actuelles, équipées du haut, plus ou moins difficiles.

Il y en a donc pour tous les goûts en temr d’esalade dans les Calanques. Le climat ensoleillé en fait un spot de prédilection pour grimper l’hiver.

extrait du site Grimper

La cartographie dans les Calanques

Informations tirées du livre Jacques Mille, Les Calanques et massifs voisins. Histoire d’une cartographie, 1290- XXe siècle, 128 pages, 108 illustrations, préface de Georges Aillaud, président du Comité du Vieux-Marseille, Naturalia publications, Turriers (Alpes-de-Haute-Provence), 2015

Avant le 19ième siècle et même jusqu’aux années 1930, les Calanques ne sont que peu fréquentées et n’intéressent pas grand monde  hormis par quelques pêcheurs, chasseurs ou contrebandiers.

Les cartographes n’ont donc pas grand intérêt à entreprendre un travail de cartographie précis.

Les moyens traditionnels demandent en effet du temps pour faire les relevés et les difficultés d’accès au massif refroidissent les ardeurs.

Ceux qui réussiront le mieux à cartographier les Calanques sont les marins avec les cartes portulans ainsi que les Etats majors de l’armée. Ses cartes ne seront toutefois jamais rendues publiques.

Il aut donc attendre la mode du tourisme lancée par les Anglais au XIXième siècle pour que la fréquentation touristique du massif se développe. Le premier grimpeur connu a avoir escaladé la Grande Candelle fut FW Mark en 1879.  Il est toutefois certains qu’il y avait déjà eu des ascensions auparavant sans toutefois que l’on puisse en retrouver la trace.

A partir de cette époque de plus en plus de personnes s’intéressent aux Calanques dans une dynamique générale de développement du tourisme.

Les excursionnistes Marseillais seront les premiers à établir une carte touristique très détaillé avec les sentiers marqués en couleur en 1920.

carte-excursionnistes-marseillais

 lCarte des Fjords Provençaux. Calanques entre Marseille-Veyre et Cassis, réalisée vers 1920 pour les Excursionnistes marseillais par A. Le Boulh.

aquarelle calanques

Extrait de Calanques, escalades Maritimes, Jean louis Fenouil : site http://www.topo-aquarelle.com/

Avant celà, les cartes ont été d’origine diverses :

Au XIIIième siècle se sont des cartes portulan , c’est à dire de marine qui existent en très petit nombre.

Elles permettent aussi de protéger les côtes des attaques, Mauresques notamment.

En 1290, une carte Pisane représente toute la Méditerranée de manière assez précise, dont les calanques.

En 1313, on trouve une autre carte de ce type de Vesconte plus réaliste.

Ce soucis de cartographier les côtes va perdurer et s’amplifier.

Il faut attendre 1482 et la première véritable carte de France imprimée pour avoir une carte à la diffusion plus large. Sa qualité est toutefois limitée puisqu’elle n’est qu’un assemblement de cartes régionales.

La toponymie évoluent petit à petit ainsi que la précision des reliefs et du dessin des côtes.

Ces deux paramètres connaissent d’ailleurs des variations d’une carte à l’autre : Calanques de Sormiou et Morgiou inversées, En Vau devient Les Veaux sur la carte d’Andrieu en 1703, rivière inexistante, toponymie aléatoire et changeante,…

Ces variations de précision sont particulièrement liées à l’attention porté ainsi qu’au temps passé par les géographes sur les lieux. Les difficultés d’accès au massif ne contribuent d’ailleurs pas à la qualité des productions.

C’est à la fin du XVI ième siècle que des cartes plus précises apparaissent avec notamment la carte de Provence de Bompar en 1591.

Cette carte sera mainte fois reprise et copiée (Ortelius en 1595, Blaeu 1634, Tassin 1652, Cundier, …)

Provinciae, regionis Galliae, vera exactissimaq. descriptio. Provence, fond le BNF

En 1633, Jacques Maretz édite une carte des côtes de Provence à l’usage du pouvoir (Richelieu).

Sur cette carte et les précédentes, on distingue clairement les farots (guetteurs qui allumaient un feu), tours et phares qui servent à la défense des côtes. Par un système de feux efficace, les informations étaient transmises d’une vigie à l’autre pour signaler l’arrivée de bateaux ennemis.
Dès le XIVième siècle, il existait un  système de télégraphie pour surveiller la mer, tout le long de la façade maritime de la Provence, qui s’étendait de la Tour de La Turbie dans les Alpes-Maritimes à la Pointe d’Espinguette, située près d’Aigues-Mortes dans le Gard.

La représentation des Calanques est encore très schématique. On remarque d’ailleurs la difficulté à représenter le relief.

C’est toutefois sur cette carte manuscrite qu’apparaissent pour la première fois les Calanques d’En Vau (P.Vaux) et de Port pin (notée Propin).

carte-maretz-1633

Carte géographique de Provence tracée et gravée par Louis Cundier sur les mesures de Jacques Maretz (1664) , fond le BNF

Au XVIIIième siècle, plusieurs types de cartes coexistent : manuscrites et gravées, civiles et militaires, terrestres et maritimes.

On utilise le Nord Magnétique pour construire les cartes.

Louis Ferdinand comte de Marsilli, un précurseur de l’océanographie réalise une carte étant “la première vision fiable imprimée de al côte des Calanques entre Marseille et Cassis” selon Jacques Mille.

Il découvre d’ailleurs la fosse de la Cassidaigne.

La formation de ce canyon est associée à un événement géologique,la crise de salinité Messinienne.
La Crise de Salinité Messinienne a débuté vers 5,96 Ma par le dépôt d’évaporites dans les bassins périphériques méditerranéens et s’est achevée vers 5,33 Ma par la remise en eau de la Méditerranée et le retour aux conditions océaniques de mer semi-ouverte.

Au XVIIIième siècle, plusieurs types de cartes coexistent : manuscrites et gravées, civiles et militaires, terrestres et maritimes.

On utilise le Nord Magnétique pour construire les cartes.

Louis Ferdinand comte de Marsilli, un précurseur de l’océanographie réalise une carte étant “la première vision fiable imprimée de al côte des Calanques entre Marseille et Cassis” selon Jacques Mille.

Il découvre d’ailleurs la fosse de la Cassidaigne.

La formation de ce canyon est associée à un événement géologique,la crise de salinité Messinienne.
La Crise de Salinité Messinienne a débuté vers 5,96 Ma par le dépôt d’évaporites dans les bassins périphériques méditerranéens et s’est achevée vers 5,33 Ma par la remise en eau de la Méditerranée et le retour aux conditions océaniques de mer semi-ouverte.
Messinienne ? Il ne s’agit pas du détroit de Messine puisqu’on est à l’opposé, dans la région du détroit de Gibraltar. Il s’agit d’un étage géologique de l’ère tertiaire décrit pour la 1ère fois dans la région de Messine, d’où ce nom, et donc d’un phénomène que Ororin aurait pu voir.
Carte-du-reseau-de-canyons_image_node_full

Carte du réseau de canyons sous marins littoral Golf du Lyon 

Il s‘agit d’un évènement unique dans l’histoire de la planète, tant par son amplitude que par sa rapidité.

La Méditerranée a des particularités, notamment en matière hydrique : elle subit une évaporation qui n’est qu’en partie compensée par les apports des fleuves. En effet, seuls le Rhône à l’ouest et le Nil à l’est ont des apports importants, ceux des autres fleuves étant + ou – négligeables.

L’équilibre en eau n’est réalisé que grâce à l’arrivée des eaux de l’Atlantique par le détroit de Gibraltar (voir photo page 48 où l’on voit bien les courants atlantiques entrant en Méditerranée).

Or, on vient de le voir, il y a environ 6 Ma, le détroit de Gibraltar s’est trouvé fermé. De plus, à cette époque, la région était quelques degrés plus bas de latitude, il faisait donc plus chaud et l’évaporation s’en trouvait accrue.

Et donc, la Méditerranée, s’évaporant plus qu’elle ne s’hydratait, s’est progressivement asséchée. On estime la baisse de niveau entre 1000 et 1500 m. Peut-être la Méditerranée s’estelle complètement asséchée par endroits. Il y a donc eu : dépôts de sels abaissement du niveau marin formation de canyons

En 1773, les Echevins de Marseille demandent une carte au géographe Bresson.

carte-de-Bresson

Terroir, Ville, Port et Rade de Marseille et ses Environs où sont distingués ses Limites et ses Bornes, tous les Chemins de Charroy, de Cheval et de pieds, les Noms des Montagnes, Valons, Ruisseaux et Rivieres, les Lieux où sont posés les Bureaux et les Brigades de Messieurs les fermiers Généraux, La Rade avec les fles, les Bateries de Canons et de Mortiers à Bombes qui la defendent. Réduit sur l’original levé sue les lieux / d’après Chevaliers et Dédié à Messieurs les Maire, Echevains et Assesseur par leur très obéissant serviteur Bresson fils,  BNF

Puis en 1779, la carte de Cassini constitue la première carte topographiquement et géométriquement levée en France. Plutôt de bonne qualité en générale, la représentation des Calanques y est médiocre.

carte-cassini

Morceau de la Carte natinale de Cassini de 1779, BNF

La carte du Génie militaire, réalisée en 1777-1778 sous la direction de Jean Le Michaud d’Arçon, innovatrice sur bien des points, dont la toponymie et les chemins, est de bien meilleure facture mais ne sra jamais diffusée.

Le secret militaire ne cesse que dans la seconde moitié du XIXe siècle avec la carte d’état-major au 80 000e. Très exacte mais peu lisible avec ses hachures, qui ont dû faire pester beaucoup d’étudiants en géographie, elle suscite critiques et améliorations notables de la part de la Société des excursionnistes marseillais.

En 1830, Mitthenoff dresse une carte au 1/50 millième sur laquelle apparaissent tous les fours à Chaux du massif.

carte-mittenhoff

Carte Plan du territoire de Marseille… / dessiné par Mittenhoff. Fond BNF

Il faut aussi mentionner les cartes du dr Albert, un amoureux des Calanques qui établi des cartes d’une extrème précision du massif dans les années 1950.

carte dr albert

Carte du Dr Albert, issue du site calanco.fr